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28 avril 2025

Le dictionnaire face à l’essor de la traduction automatique

Bannière : Journée d'étude sur le dictionnaire face à l'essor de la traduction automatique.

À l’heure où les intelligences artificielles génératives (IAGen) comme ChatGPT ou Deepseek, et les plateformes de traduction comme DeepL, Google Translate ou Trados, bouleversent les pratiques linguistiques, quel rôle reste-t-il au dictionnaire dans la traduction ? Devient-il obsolète ou, au contraire, plus indispensable que jamais ?

C’est à ces questions que cette journée d’études organisée à l’ISIT le 12 juin 2025 se propose de répondre, sous la coordination de Malek Al-Zaum (ISIT) et Pascale Elbaz (ISIT/IFRAE)

Participez à notre journée d’étude le 12 juin 2025 de 9h00 à 17h30 (sans inscription)

Vers une redéfinition du rôle du dictionnaire

Avec l’essor fulgurant des outils de traitement automatique du langage naturel, de la linguistique de corpus et des intelligences artificielles génératives (IAGen) comme ChatGPT ou Deepseek, la pratique traditionnelle de la traduction a été profondément bouleversée.

Autrefois au centre des opérations de traduction, le dictionnaire semble aujourd’hui relégué à une simple fonction de vérification terminologique. Mais cette évolution rapide pose une question fondamentale : le dictionnaire est-il plus que jamais indispensable pour garantir la qualité des traductions à l’ère numérique ?

Traduction assistée : un confort technologique aux limites visibles

Les traducteurs contemporains s’appuient de plus en plus sur des plateformes telles que Trados, Google Translate, DeepL ou Reverso, qui fonctionnent par alimentation collective des mémoires de traduction.
Ces outils, en exploitant d’immenses bases de données multilingues, permettent d’obtenir rapidement des propositions de traduction. Toutefois, cette approche standardisée peut conduire à des résultats approximatifs, nécessitant une vérification fine de la cohérence lexicale et terminologique.

Dans ce contexte, loin de rendre obsolète le dictionnaire, l’intelligence artificielle rappelle son importance fondamentale.

Pourquoi le dictionnaire reste crucial dans la traduction moderne

Certains chercheurs prônent l’abandon progressif des dictionnaires traditionnels au profit des outils d’IA. Pourtant, la réalité est plus nuancée.
Le dictionnaire, qu’il soit papier ou numérique, offre :

  • Un lien entre sens, étymologie et terminologie,
  • Une arborescence structurée du vocabulaire,
  • Une capacité de mise en contexte historique et disciplinaire absente de nombreuses IAGen.

Les IA, malgré leurs performances, peuvent altérer ou manipuler les données linguistiques en fonction de leurs corpus d’entraînement. Le dictionnaire devient alors un outil complémentaire pour valider, enrichir et affiner les résultats produits par l’intelligence artificielle.

Limites actuelles des dictionnaires traditionnels

Il serait injuste d’idéaliser les dictionnaires classiques sans reconnaître certaines faiblesses :

  • Multiplicité des sens rendant leur consultation complexe ;
  • Manque de contextualisation précise en situation réelle ;
  • Absence d’indications chronologiques sur l’évolution des termes, notamment dans les dictionnaires spécialisés.

Ces limitations montrent la nécessité de réinventer le dictionnaire à l’ère numérique.

Vers des dictionnaires augmentés par l’Intelligence Artificielle

Une piste d’avenir s’ouvre : l’élaboration de dictionnaires monolingues, bilingues, généraux ou spécialisés assistés par IA.
Les outils d’IA peuvent :

  • Analyser des corpus massifs pour extraire automatiquement des sens contextualisés,
  • Mettre à jour en temps réel les usages linguistiques,
  • Organiser les entrées terminologiques de manière dynamique et adaptée aux besoins des traducteurs.

Ce croisement entre Intelligence Humaine (IH) et Intelligence Artificielle (IA) pourrait permettre de produire des ressources lexicographiques inédites, véritablement au service de la précision linguistique.

Une journée d’étude pour repenser la place du dictionnaire

Dans ce contexte de mutation accélérée, une journée d’étude est organisée le 12 juin 2025 de 9h00 à 17h30 pour inviter la communauté scientifique à réexaminer le rôle du dictionnaire dans la traduction à l’ère des IAGen.

Axes d’études:

  • Le dictionnaire papier ou numérique comme outil d’aide à la traduction ;
  • La classe de langue ou de traduction et le dictionnaire ;
  • De la linguistique de corpus aux IA génératives : comment conçoit-on un dictionnaire ? ;
  • Fonction des dictionnaires face à la montée des nouveaux outils algorithmiques ;
  • Terminologie, lexicographie et IA : quelles relations ?

Loin d’opposer Intelligence Artificielle et Dictionnaire, l’avenir de la traduction semble reposer sur une synergie intelligente entre ces outils.
Le dictionnaire, outil millénaire, trouve aujourd’hui un nouvel élan en s’associant aux technologies émergentes pour garantir rigueur, cohérence et richesse lexicale.

Programme détaillé :

  • 9h00 : Ouverture de la journée
    Mot des organisateurs : Malek Al-Zaum (ISIT) et Pascale Elbaz (ISIT/IFRAE)
  • 9h15 : Conférence introductive
    Thomas Szende (Inalco, PLIDAM) – Classes-langues-dictionnaires (propos introductifs)
  • 9h30 : Conférence
    Christine Durieux (ISIT) – Le Dictionnaire : miroir des mots, reflet des choses

Session 1 : Comment conçoit-on les dictionnaires ?

Modération : Christine Durieux

Premier temps : Méthodologies

  • 10h00 – Mojca Pecman
    Bases de connaissances spécialisées et IA génératives : réflexions et protocole pour une interaction optimale avec les LLMs dans la base ARTES
  • 10h30 – Benjamin Rouxel (Dictionnaire Le Robert)
    La veille néologique au Robert : traquer les mots pour décrire la langue
  • 11h00 – Jean-Philippe Eglinger (Inalco – PLIDAM) & Đào Huy Linh (Inalco – CRLAO)
    Processus de mise en place d’un dictionnaire numérique trilingue Vietnamien – Français – Anglais

Second temps : Spécialisations

  • 11h50 – Valérie Delavigne (Université Sorbonne Nouvelle)
    Concevoir un dictionnaire socioterminologique autour des questions environnementales
  • 12h20 – Malek Al-Zaum (ISIT, Université Paris Panthéon-Assas)
    Le glossaire de l’administration française : une conception pragmatique à visée communicative et simplificatrice

Session 2 : Quelle place pour le dictionnaire dans les apprentissages ?

Modération : Michela Bussotti

Troisième temps : Apprentissages

  • 14h30 – Valeria Zotti
    Perspectives sur l’utilisation collaborative de l’intelligence artificielle (IA) pour la création d’un dictionnaire plurilingue spécialisé
  • 14h50 – Jean-Claude Rolland
    Le cas des dictionnaires d’apprentissage
  • 15h10 – Robert Rougeaux
    Épistémologie des pratiques langagières augmentées en arabe
  • 15h30 – Roland Laffitte
    État des emprunts à la langue arabe dans les dictionnaires français

Quatrième temps : Usagers

  • 16h30 – Louis Lecailliez
    Besoins et usages des dictionnaires des apprenants francophones du japonais
  • 16h50 – Pascale Elbaz (ISIT, IFRAE)
    Le Yangsheng est-il mieux compris grâce au Grand Ricci ou à DeepSeek ?
  • 17h00 – Maria Marques
    Entre les lignes des dictionnaires

Événement soutenu par le ministère de la Culture : Logo ministère de la Culture