Paule Kekeh
Interprétation de conférenceDécouvrez le parcours de Paule Kekeh, diplômée du Master en Interprétation de Conférence en 1986.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Paule Kekeh, je suis diplômée de l’ISIT où j’ai obtenu le diplôme de traductrice trilingue en 1984 et le diplôme d’interprète de conférence en 1986. Je suis actuellement fonctionnaire permanente à la Commission de l’Union européenne à Bruxelles.
Pouvez-vous présenter votre parcours académique jusqu’à l’obtention de votre diplôme à l’ISIT ?
J’ai intégré l’ISIT juste après avoir décroché un baccalauréat trilingue (Anglais, Allemand, Russe) en 1981 au Lycée Jeanne d’Arc à Clermont-Ferrand.
Pouvez-vous résumer l’impact que le Master de l’ISIT a eu sur votre vie professionnelle et personnelle ?
Cette formation de qualité et ce diplôme m’ont permis de réussir un concours de recrutement dans une Organisation internationale (Secrétariat Général des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique) dès ma sortie de l’ISIT en octobre 1986, 4 mois à peine après l’obtention du diplôme. Chaque étape de mon parcours professionnel a été possible grâce à l’excellente base que j’avais acquise à l’ISIT et qui m’a permis de continuer à apprendre et à me perfectionner tout au long de mon parcours professionnel.
Pouvez-vous décrire votre parcours professionnel depuis l’obtention de votre diplôme ?
J’ai travaillé deux ans et demi au Secrétariat Général des États ACP, puis à l’occasion d’une réunion conjointe ACP-CEE (aujourd’hui UE), j’ai travaillé avec la Directrice du Service Commun d’interprétation et de conférence de la Commission européenne (aujourd’hui Direction Générale Interprétation et conférence). Celle-ci m’a proposé de rejoindre les rangs des interprètes fonctionnaires à la Commission Européenne. J’y suis rentrée sur un poste temporaire et y suis devenue fonctionnaire permanente suite à un concours réussi.
Mon rêve avait toujours été de travailler au Secrétariat général des Nations Unies à New-York et j’y avais présenté un concours en même temps que je passais le concours de titularisation pour devenir permanente à la Commission européenne.
Ayant réussi les deux concours, j’ai décidé de tenter l’expérience américaine et j’ai accepté un poste aux Nations Unies à New-York où je suis restée 3 ans. Puis j’ai décidé de revenir à Bruxelles pour reprendre mon poste d’interprète permanente auprès de la Commission Européenne.
En 2004, j’ai eu le privilège de faire un échange de 6 semaines avec le Fonds Monétaire International où j’ai travaillé au sein de l’équipe d’interprètes-traducteurs du FMI à l’occasion des réunions annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.
L’expérience était très intéressante car elle m’a permis d’utiliser mes compétences en traduction peu utilisée jusque-là, à part pendant les deux années passées en section « interprétation de conférence » à l’ISIT, durant lesquelles j’ai eu plusieurs contrats de traduction pour une maison d’édition.
Quelles ont été vos réalisations professionnelles les plus marquantes depuis la fin de vos études à l’ISIT ?
Pour moi, l’obtention de ces différents postes par voie de concours constitue pour chacun d’entre eux un défi relevé et une réalisation professionnelle à part entière. Toutes ces étapes de mon parcours ont été enrichissantes et épanouissantes.
La Commission européenne où je suis aujourd’hui et au sein de laquelle j’aurai passé le gros de ma carrière m’a offert des occasions exceptionnelles :
- Des affectations régulières au Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’UE, des Sommets conjoints et de nombreuses occasions de voyage à la faveur de tous ces déplacements professionnels. Grâce à des compétences solides en consécutive que je dois à mon passage par l’ISIT, je suis souvent affectée à des missions d’accompagnement de personnalités à l’étranger. J’ai accompagné l’ancien Président du Conseil européen, Donald Tusk rencontrer ses homologues, en France, à l’Élysée ; en Tunisie ; en Côte d’Ivoire et jusqu’à Beijing dans une rencontre avec le Président XI pour un régime linguistique français, chinois, anglais. J’accompagne aussi régulièrement les commissaires de l’Union européenne comme interprète personnelle, leurs de certains de leurs déplacements.
- Diplômée en Français-Anglais-Allemand, mon parcours professionnel m’a conduit à étoffer ma combinaison linguistique et y rajouter l’espagnol, le suédois, le portugais et le retour vers l’anglais.
Que diriez-vous aux étudiants actuels en master que ce soit pour leur expérience académique et professionnelle ?
Je conseillerais aux étudiants de bien choisir leurs langues et d’enrichir leur combinaison en fonction du marché visé. Leur combinaison actuelle est un point de départ, mais ils doivent prévoir un plan de formation pour ajouter d’autres langues utiles. Ils ne doivent pas négliger la consécutive, encore nécessaire dans certaines réunions.
Au-delà des langues, je leur recommanderais de travailler leur culture générale, leurs connaissances historiques, géographiques, culturelles, et d’être curieux. Aucun sujet n’est à exclure en réunion.
C’est un métier passionnant. Si c’était à refaire, je ferais le même choix. L’interprétation est un « métier » au sens noble, proche d’un art ou d’une discipline sportive. On ne cesse jamais de s’entraîner et d’affiner ses compétences. Après 38 ans, je continue à suivre des formations, comme l’ancienne athlète que je suis continue à courir plusieurs fois par semaine.
Rien n’est ennuyeux quand on y prête attention. Comme le disait un maître bouddhiste : « Boredom is lack of attention ».
Enfin, le métier a évolué avec la télé-interprétation. Les futurs diplômés doivent veiller à leurs conditions de travail. Les interprètes doivent guider les techniciens qui développent ces outils, car eux seuls peuvent en mesurer l’impact, notamment sur leur santé auditive